Je suis camerounais, j’ai une ndjomba

Je suis camerounais, j’ai une ndjomba
© Kamerkongossa.cm : Florian Ngimbis     samedi 11 juin 2016 12:16     1692

« Ce récit n’est pas une fiction, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être fortuite. Par ailleurs, l’auteur assume le caractère sexiste et arriéré de ses écrits ».

Je n’écris pas beaucoup ces derniers temps. Dans mon entourage, certaines personnes m’appellent même déjà ancien blogueur. D’autres disent que je suis devenu un bobo et que comme tous les bobos, je vis dans ma tour d’ivoire, me contentant de regarder pousser mon ventre et mes millions. Massa! Quels millions? Le ventre là c’est la vieillesse et la Castel.

En prenant de l’âge, je glisse vers la contemplation. Mon sport favori ces derniers temps consiste à m’asseoir à la terrasse d’un petit bar du Rond-Point Express, commander une Castel et regarder Yaoundé défiler devant mes yeux.

J’ai remarqué durant mes soirées contemplatives, que ma terrasse accueille d’autres habitués. Des fonctionnaires qui généralement, débarquent vers dix sept heures, en provenance du bureau. Des quadras/quinqua qui restent là tard, ne boivent qu’une bière et cherchent l’amitié avec la lampe solaire.

Ces piliers de comptoir ne sont ni alcooliques, ni des feignants comme moi qui fuient leur page blanche, non, ce sont des hommes mariés qui ont peur de rentrer chez eux.

Je ne rigole pas.

J’en ai fréquenté plusieurs et je peux vous dire que ces hommes sont tristes. Hier soir, c’est l’objet de ce post, j’ai longuement causé avec l’un d’eux, Joseph. Le vampire m’a malmené les oreilles toute la soirée avec des poncifs sur les femmes et le mariage: « Hoooo les femmes sont des vipères, des serpents à deux têtes » (tu ne pouvais pas couper court en disant vipères à deux têtes?). « Hooo! le mariage c’est la perte des illusions humaines… ».

J’ai ri.

Chez nous les bantous, pour vivre heureux (c’est relatif, je sais), longtemps, sans avoir à fuir le chez soi, il faut avoir une ndjomba.

Pause:

Ndjomba: n.f Terme générique à l’étymologie incertaine. La ndjomba est une liane camerounaise qui entretient une relation avec un homme marié. La ndjomba a le foléré aux yeux et ne donne pas le lait. C’est une femme discrète et dont la famille a un taux de mortalité anormalement élevé si on considère le taux élevé de demandes d’assistance pour deuil. Elle n’accepte pas les chèques et la distance séparant le « chéri » du « mouf » dans sa bouche dépend généralement de l’épaisseur de l’enveloppe qu’on lui tend à 3h du matin, avant de rentrer. Équivalents (ou presque): maîtresse (France), deuxième bureau (Afrique de l’Ouest).

Quand Jésus disait mon peuple périt faute de connaissance, il avait tout compris. Je vois des amis souffrir autour de moi dans leurs foyers, vivre à l’instar de Joseph le mariage comme une punition de la société. Mais les gars, qu’avez vous fait des leçons laissées par nos parents?

Tout le monde se plaît à dire que de nos jours, la durée moyenne d’une union est inférieure de moitié à celle de la génération nous précédant. Pourtant une solution existe: la ndjomba.

Je le dis urbi et orbi: Un vrai bantou se doit d’entretenir une ndjomba.

La ndjomba est le yang qui donne le la au yin qu’est le mariage. C’est la soupape qui permet au moteur du bantou de ne pas caler sur les routes tortueuses du mariage ou du concubinage.

Il y a deux types de ndjomba: la ndjomba qui s’assume et la ndjomba qui s’ignore. Il vaudrait mieux tomber sur le premier élément. Avec elle tout est clair: « écoute, je suis marié. Je vais payer loyer, eau, électricité, gaz, frais de deuil divers, mais n’espère rien de plus. N’appelle jamais chez moi, ne pars jamais bagarrer avec madame au marché. Voici sa photo, si tu la croises, change de rue, comme quand le Roi du Cameroun passe. ».

Une fois ces bases fixées, le ndjombaïsme peut se mettre en place. Madame constatera juste que Mr revient de moins en moins stressé du boulot. Qu’il a, à une date fixe une nouvelle réunion de programmée, qu’il ne tape plus les enfants comme des tambours sénégalais. Bref, c’est l’entente cordiale.

Dans ce processus de choix d’une ndjomba chacun a sa technique. Les vrais bantous chassent, les faibles choisissent une ndjomba préprogrammée: la mère d’un enfant conçu hors mariage. Malgré les discours sur le Sida et autres saloperies, nous autres bantous réussissons généralement à semer notre ADN dans un ou deux utérus avant de nous mettre en couple. La plupart du temps, on ne se met pas en couple avec la proprio de l’utérus dans lequel l’ADN aura été semé. Ceci est un autre débat.

De ce fait, la mère de l’enfant devient « la mère de mon enfant », un titre hypocrite qui tend à mettre en avant le rapport censé justifier la relation et à en fixer les garde-fous. Le petit Paapy devient très vite un enfant qui a un pied chez sa mère, un pied chez son père. Mais quand le père de Paapy, à force d’aller accompagner le petit chez sa mère est mis dans des conditions de température et de pression qui lui rappellent pourquoi et comment Paapy est venu au monde, croyez moi la ndjombaïfication n’est pas loin.

Souvent le père de Paapy rentre tard le soir en disant à madame:  « j’étais voir Paapy, il chauffait ». Dans ce cas il faut généralement se demander ce qui chauffait et qui l’a refroidi.

Chers frères, je préfère vous demander de faire attention à ce type de ndjomba. La mère de l’enfant a presque toujours pour ambition de revenir. Donc, à proscrire.

Je ne suis pas en train de faire la promo de l’infidélité hein mesdames, je ne peux faire la promo de ce qui n’existe pas. Chez nous la ndjomba a une reconnaissance dans la société. Par exemple, quand on va boire avec la ndjomba et des amis, même s’ils connaissent madame, ils ne te chuchoteront jamais à l’oreille ces trucs de Blancs « Mais qu’est ce que tu nous fais là? » « Tu as pensé à Claudine et aux enfants? ». Non non, on boit les bières, on sait que c’est la ndjomba, qu’elle a sa place et qu’elle y restera.

D’ailleurs, le bantou respecte un certain nombre de préceptes qui montrent de facto qu’il veut préserver son couple légitime:.

1- Un vrai bantou ne dort jamais chez la ndjomba. Même en saison des pluies il faut avoir le courage de rentrer retrouver madame.

2- Le bantou a un estomac de réserve pour la nourriture de sa femme. Ce n’est pas sexiste hein? En réalité, dès qu’on est en couple, manger à la maison devient un signe de respect de la sacralité du couple. Manger dehors un sport dangereux.

3- Un vrai bantou a des réserves de libido pour sa femme. Femme repue, femme heureuse. C’est sexiste? Je m’en fiche. Le bon bantou doit toujours être prêt. Peu importe la valeur des performances faites dehors, les matchs avec la ndjomba sont des match amicaux qu’on peut perdre sans conséquence. Chaque match avec la titulaire est un match de qualification. Toute défaillance ou panne est durement sanctionnée et nuit à l’équilibre du couple.

Néanmoins, chez la ndjomba le monsieur retrouve le confort émotionnel qui lui manque chez lui.

Il n’y a plus les cris de madame et ses incessantes jérémiades sur tout et rien. La ndjomba accueille en souriant et en utilisant les mots qui redonnent envie de vivre: bébé-chou, chéri, adou wèm (ndjomba bassa’a)…

Il n’y a plus la litanie monocorde sur les faits d’armes des enfants qui vous donnent l’impression d’être un taureau reproducteur en costard-cravate. Chez la ndjomba s’il y a un enfant, on l’envoie au lit dès que tonton Faroteur arrive.

La guerre de la télécommande n’existe plus. La ndjomba sait qui paie l’abonnement Canal+, donc, quand on arrive, elle prépare une serviette chaude, un apéritif, et on attend qu’elle finisse de cuisiner non pas en regardant une bête série mexicaine imposée, mais devant le Petit Journal ou un match.

La ndjomba sait que monsieur aime les bonnes choses, donc, en lieu et place du mpèlè macaba qui l’attend chez lui, elle lui mitonne de fines côtes de porc qu’il mangera sans sentir glisser sur lui le regard culpabilisateur de la marmaille de gosses de son domicile.

Bien entendu, on ne vient pas chez la ndjomba sans prévenir (on ne sait jamais), on ne part pas de chez la ndjomba avec des preuves du passage chez elle, et on prévoit une ligne budgétaire noire dans son salaire. Les vrais bantous d’ailleurs ne déclarent jamais leur vrai salaire à madame ni ne présentent leur fiche de paie. Un contrôle budgétaire a vite fait de vous mettre dans les problèmes. Mais c’est un risque marginal, car,  la plupart des femmes savent qu’il existe une ndjomba. Elles se plantent la tête dans le sable en récitant le soir le mantra féministe de l’heure: je suis l’aéroport, il va tourner, il va finir par atterrir ici.

Un oncle m’a dit un jour, mon petit, c’est quand un bantou meurt qu’on sait quel était son vrai nombre d’enfants. Oui oui, Le jour de la mort, les ndjombas sortent du bois poussant devant elle un petit, dont la forme de la tête ne laisse aucun doute sur l’origine de l’ADN paternel. Tant pis si des bagarres s’ensuivent. A ce moment, le sieur bantou est douillettement installé dans un cercueil avec dans la poche un aller simple pour le paradis des visionnaires.

Voilà ce que j’ai expliqué à Monsieur Joseph hier soir. La recette du bonheur en couple. Mise en bouteille et certifiée par nos parents.

Sur le coup, il m’a regardé droit dans les yeux plusieurs secondes sans rien dire, puis il s’est levé, est allé au comptoir, a soufflé un mot au barman a payé et est parti.

C’est le barman qui m’a raconté la fin.

Mais Ngimbis tu as fait quoi à Monsieur Joseph là non? Il dit qu’on t’a vendu au village.

J’ai ri, mais un peu moins quand j’ai su qu’il n’avait pas payé mes Castel.

Peace à toutes les ndjombas du pays.


chat

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Mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton.

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