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© Mutations : JEAN DE DIEU BIDIAS     mercredi 27 juillet 2016 12:12     1260

Aucun calendrier précis cependant quant à la mise en œuvre effective de ce plan de relance qui nécessite 60 milliards F CFA, en plus de l’apurement de la dette de 35 milliards de la compagnie.

Le président de la République, Paul Biya, a approuvé hier, le plan de redressement de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) proposé par le constructeur américain Boeing. Ce plan, déposé sur sa table depuis le 14 juin dernier, propose en effet que le gouvernement éponge la dette actuelle de la compagnie aérienne nationale, qui s’élève à 35 milliards f CFA ; l’apurement de ce lourd passif devra être immédiatement suivi d’une injection de 60 milliards f CFA pour remettre à flot l’entreprise. 

Cette remise à flot implique notamment, entre autres, l’acquisition de neuf aéronefs pour porter la flotte de Camair-Co de cinq avions actuellement à 14 d’ici à 2019. Les experts de Boeing préconisent également que le réseau de «L’étoile du Cameroun» soit composé de 27 dessertes en Afrique et dans le monde. Le géant mondial de l’aéronautique accompagnera cette restructuration pendant 18 mois renouvelables. 

Aucun calendrier précis cependant quant au début de cette relance dont le consultant américain souhaite terminer la mise en œuvre au plus tard en 2020. Le ministre des transports a bon espoir qu’il va être implémenté «incessamment». Les tensions de trésorerie auxquelles fait face le Cameroun obligent à penser que le gouvernement va contracter une nouvelle dette pour financer la sortie de Camair-Co de la zone de turbulence dans laquelle elle est entrée depuis son décollage en 2011. 

Subvention

Bien que n’ayant pas pu consulter le document que vient de valider le chef de l’état, la qualité du consultant laisse très de peu de place au doute quant à la rentabilité et à la fiabilité des destinations de vols choisies, et aussi pour ce qui est de l’état des besoins logistiques et en personnels de Camair-Co (il a toujours été reproché à cette entreprise de posséder son personnel pléthorique et non qualifié). 

On peut simplement s’étonner que le Boeing 767 dénommé «Le Dja», que Camair-Co a hérité de la défunte Cameroon Airlines (Camair), et qui a servi depuis 1987, ait été comptabilisé parmi les cinq avions dont dispose actuellement la compagnie aérienne nationale. Cet avion passe le clair de son temps en réparation en Irlande ou en Ethiopie. Dans une interview accordée à mutations en juin 2015, l’économiste Bernard Ouandji affirmait que Camair-Co n’aura jamais un cash-flow positif tant qu’elle exploite «Le Dja». 

«Suite à quatre années d’immobilisation du Dja, on n’était plus sûr de rien et il s’est avéré que le coût de l’heure de vol du Dja (consommation d’essence, pièces de rechange) est deux fois le coût d’un B 767 de nouvelle génération ; rappelons que le Dja pointe plus de vingt-cinq ans au chrono», insistait-il. Véritable gouffre à sous, Camair-Co a accumulé en cinq ans d’existence, et en dépit de la subvention mensuelle de 8 milliards f CFA que lui a régulièrement allouée l’état du Cameroun depuis le lancement de ses activités en 2011, une dette astronomique évaluée à 35 milliards f CFA.