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© Le Jour : Hiondi Nkam IV     lundi 8 août 2016 16:05     2011

Très prisés des consommateurs, les arachides cultivés à l’Ouest du pays se font de plus en plus rare sur le marché.

C’est sa commande. Jimmy, jeune coiffeur résidant au quartier Mimboman à Yaoundé exige de sa petite amie Marie qu’elle lui ramène une bonne quantité d’arachides du village de son déplacement à Bayangam. Il lui remet 3.000 FCFA, soit sa recette journalière pour cette importante commission. 

« J’adore  ces arachides surtout crues, leur goût est particulier », salive le coiffeur. Trois jours après, Marie ne lui ramène que quelques poignées d’arachides. Juste de quoi aiguiser son appétit. La moisson n’a pas été bonne. « Il n y a plus d’arachides au village, se plaint-elle. J’ai dû convaincre ma tante pour qu’elle m’en cède un peu à ce prix », dit-elle encore en implorant la compréhension de son amoureux. 

En croquant joyeusement quelques graines, Jimmy se désole de cette période où les arachides abondaient au village. « Quand j’étais petit on pouvait avoir un sceau à 500, aujourd’hui avec 500 tu n’as même pas une boite », pousse-t-il. Les temps ont bien changé. Au marché de « double balle » du quartier Bépanda à Douala, c’est dans un petit coin que Sidonie vend ses précieuses graines. 200Fcfa pour la petite boite de tomate, 700 Fcfa pour une portion dans une boite de lait moyenne. « Il n’y en a même pas sur la marché mon père », dit-elle au client qui se plaint de cette flambée de prix. 

Engrais et pluviométrie

Mais où sont donc passées les arachides de l’ouest ? « Il faut d’abord compter avec le fait que la production a baissé, diagnostique Jean Tafre, 28 ans qui a un temps cultivé des arachides à Bagam son village. Ceci est surtout dû au fait que nous utilisons beaucoup trop d’engrais et ceci appauvri le sol », ajoute-t-il. 

« C’est surtout la pluviométrie incertaine qui décourage, argue pour sa part Guy Fatio, cette année par exemple ma mère n’a rien semé parce qu’elle a tout perdu la saison dernière. Les gens préfère semer les arachides « Garoua » qui poussent plus facilement », explique-t-il. 

Mais il faut peut-être scruter le phénomène en profondeur. Y a-t-il encore suffisamment de bras pour cultiver ? « C’est vrai que beaucoup de jeunes ont comme moi quitté le village. Ceux qui sont restés préfère la moto à leurs yeux plus rentable, mais je ne crois pas que ce soit la principale raison », nuance Tafre. A l’évidence, Il y a une baisse de la production qui contraste avec une demande de plus en plus pressante d’où la montée des prix. 

« Pour sa sauce d’arachide mon mari exige les arachides du « village » », nous confie Micheline, une commerçante de la ville de Yaoundé. L’urgence est donc à un véritable plan agricole pour cette partie pays qui gagnerait à rebooster la production de cette denrée spécifique au goût si particulier qui pourrait même servir à l’exportation.