HEKOK

© Source : The Spark     jeudi 8 septembre 2016 23:10     1589

La compagnie aérienne camerounaise aura connu, au cours de ces dernières années, de nombreuses périodes d’instabilités. De l’avis des observateurs, la situation instable et improductive de l’étoile du Cameroun découle des problèmes de planification, de gestion et de management enregistrés au sein de la compagnie camerounaise.  

Depuis sa création en 2006, la Camair-Co aura traversé une série de turbulences marquées par une augmentation du poids de sa dette, un retard accusé au niveau de la mise en application du plan de relance, et une mauvaise gestion du personnel. En effet, depuis son vol inaugural en 2011, la Camair- Co n’a cessé de trainer sa dette comme un boulet. En septembre 2015, l’un des appareils de la compagnie nationale, en l’occurrence le Boeing 737, acquis en leasing, se faisait immobiliser à Paris pour factures impayées. L’ardoise qui au départ s’élevait à 26 milliards de Fcfa avoisinait en 2015 le montant de 32 milliards de Fcfa. 

Annoncées en grande pompe, les prévisions du plan de relance, qui tablaient sur un résultat brut d’exploitation bénéficiaire de la compagnie dès 2017 et un résultat net positif l’année d’après n’ont elles aussi pas été concrétisées. A ce titre, seule la certification IOSA obtenue par la compagnie camerounaise fait l’objet d’une réussite acclamée par tous. Sur le plan de la restructuration, la direction générale de la compagnie aérienne nationale, a reçu il y a quelques semaines une correspondance du directeur de la Cameroon Aviation Authority (CAA). Ladite correspondance visait à informer la compagnie nationale de la restriction «à titre conservatoire» de son certificat de transporteur aérien, en excluant la zone Europe des destinations de la Camair-Co. 

Cette période de suspension des vols vers les pays de l’Union européenne devrait permettre à la Camair-Co, de l’avis de la CAA, «de mettre à profit une restructuration et une réorganisation» appropriées qui répondent aux exigences de l’aviation civile. Le problème des effectifs pléthoriques est lui aussi au centre des vents perturbateurs qui soufflent sur la Camair-Co. Pendant son séjour à la tête de la structure en 2014, l’ex patron de la Camair-Co avait alors porté à 713 le nombre d’employés en service, contre 523 employés à sa prise de fonction. Le ratio de 237 employés par avion, au lieu de 150 (moyenne généralement admise) avait  alors été atteint.

A la suite de ces turbulences, d’autres compagnies auraient certainement déjà fait l’objet de liquidation ou de concession. La compagnie nationale de navigation aérienne, symbole de représentativité du Cameroun à travers le monde se doit donc de porter haut et loin ce flambeau. Pour y parvenir, plusieurs reformes, et autres plans de redressement ont été entrepris par l’Etat pour maintenir son Etoile dans les airs. C’est le cas du tout récent plan de relance approuvé par le chef de l’Etat, doublé des nominations d’un nouveau PCA et d’un nouveau DG. 

Mais, l’expérience du passé a prouvé qu’il en faut davantage pour maitriser ce monstre qui n’en finit pas de démolir et de dévorer ses responsables. Le nouveau manager qui sort du gigantisme d’Emirates pour affronter les micros mais ô combien complexes réalités de Camair- Co aura forcément à faire face à un problème d’adaptation, de conversion. Et tout en sachant que cette Camair-Co n’est pas une compagnie comme les autres, Ernest Dikoum doit s’inspirer de ces exemples-là qui avec des flottes de moindre importance que ce qui lui est promis sont en train de se faire progressivement leur place dans le ciel. Asky est de ces compagnieslà. Pourquoi pas Camair-Co?