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© Mutations : Bénédicte Ntsama     vendredi 16 septembre 2016 02:48     1622

Bravant préjugés et autres commentaires, ces jeunes filles mères ont fait le choix de poursuivre leurs études.

Hélène Ngono est élève en classe de Première a4 espagnole au lycée de Nkolnda, une localité située dans le département de la Mefou et Afamba. La jeune fille de 20 ans est aussi mère d’une fille âgée de quatre mois. Depuis le 05 septembre dernier, date de la rentrée scolaire, Hélène est contrainte de laisser sa fille chez sa voisine avant de se rendre à l’école. Mais la jeune mère domiciliée au quartier Odza à Yaoundé doit au préalable prendre certaines dispositions. 

«Je me réveille très tôt, je commence par faire la lessive. Après, je prends mon bain, je prépare ensuite le biberon de l’enfant et je termine son bain. Quand j’ai encore un peu de temps, je lui donne le sein, je l’amène chez ma voisine qui s’en occupe jusqu’à ce que je rentre vers 15h30», explique Hélène Ngono. Cette jeune fille n’est pas la seule à vivre cette situation. 

Marguerite Bidja a été contraint d’abandonner son commerce de beignets pour garder sa petite fille. «Ma fille (élève en classe de Terminale, ndlr) a accouché pendant les vacances et comme je ne veux pas qu’elle abandonne ses études, j’ai décidé de rester avec sa fille à la maison. Mais avant d’aller à l’école, elle prépare tout, je me contente juste de surveiller l’enfant, de la changer, de la nourrir, de la bercer etc.», explique telle. 

Déçue, marguerite l’a été quand elle a appris la nouvelle mais elle a dû se faire à la situation. «C’est mon unique fille, je vais faire comment, elle doit être quelqu’un dans ce pays donc je n’ai pas voulu qu’elle abandonne l’école juste parce qu’elle avait accouchée surtout que j’ai une amie dont la fille a fait un enfant étant au lycée, mais elle a continué les cours. Aujourd’hui, elle est cadre dans une banque à Douala et mariée de surcroit», confie marguerite, optimiste. Les charges de la maison sont désormais à la charge du père de sa petite-fille. 

Difficultés

Pour ces jeunes mères, la tâche n’est pas toujours facile. «Je dois en plus de m’occuper de l’enfant, faire tous les travaux à la maison. Cela me prends tellement le temps que parfois j’arrive en retard », se plaint Hélène Ngono qui vit pourtant avec sa petite sœur. Moins de deux semaines après la rentrée scolaire, elle dit avoir déjà manqué les cours à deux reprises au moins et ce sont les heures d’absence qui s’accumulent. à l’école également le regard des camarades peut parfois être frustrant, «Quand le lait se met à couler de tes seins, voilà ta tenue mouillée, tu es obligée de supporter les moqueries des uns et des autres», déplore Christelle Ngansop, élève dans un collège au quartier awae. 

Dans les établissements, aucune faveur n’est accordée à ces jeunes mères. Elles sont soumises aux mêmes règles que tous les élèves. Il est donc difficile pour elle de prendre un billet de sortie pour aller allaiter leurs mômes. «Il peut arriver que mon cœur de mère parle et que j’accorde une heure de sortie à une élève pour qu’elle aille prendre soin de son enfant le temps d’une heure mais jamais au-delà», confie un censeur dans un lycée de  la ville qui a requis l’anonymat.