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© Mutations : Jean De Dieu BiDi     jeudi 22 septembre 2016 02:00     1877

Le propriétaire, un défenseur des droits des consommateurs, acheminait la cargaison à Yaoundé.

En collaboration avec des équipes du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), le contrôle mixte gendarmerie police de Bangangté (région de l’Ouest) a mis la main, hier matin, sur une cargaison de 232 cartons d’œufs (soit 83000 œufs), chargés dans un camion en partance pour Yaoundé. Le propriétaire de ladite cargaison, que l’on présente comme un défenseur des droits des consommateurs bien connu, a été arrêté et mis en garde à vue dans une unité de police de Bafoussam, le chef-lieu de la région. 

Cette saisie est opérée en application d’une mesure du gouvernement interdisant de nouveau, depuis le 08 septembre dernier, la commercialisation de la volaille dans cette région, en raison de la résurgence de l’épizootie de grippe aviaire dans cette partie du pays. Cette décision faisait elle-même suite à la découverte, quelques jours plus tôt, du décès d’environ 6000 poulets dans une ferme implantée dans les encablures de Bafoussam. 

A l’observation, la saisie effectuée hier ne représenterait que l’arbre qui cache qui cache la forêt. Pourquoi ? La région de l’Ouest représente à elle seule près de 80% de la production nationale de volaille et d’œufs, et couvre 60% de la sous-région Afrique centrale (selon des chiffres de l’Acdic). Par conséquent, si la mesure portant interdiction de la commercialisation de la volaille prise par le gouvernement au lendemain de la déclaration de la maladie (vers la fin du mois de mai) avait été observée scrupuleusement, Yaoundé, ou du moins la région du Centre et le reste, seraient tombées en rupture de stocks au bout de deux semaines au plus (surtout que la même mesure visait aussi le département du Mfoundi). 

Banques

En clair, l’on on a continué à faire circuler de manière informelle – en petite quantité certes - le poulet de l’Ouest vers les autres parties du pays, jusqu’à la levée progressive de l’interdiction par les autorités publiques. Qu’à cela ne tienne, les aviculteurs, à travers l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), ont dit avoir enregistré des pertes financières de l’ordre de 16 milliards F CFA au moins, entre le 22 mai et août derniers. 

Ils  avaient ainsi sollicité du gouvernement la mise à disposition de 20 000 tonnes de maïs et des financements d’environ 450 millions F CFA pour l’achat de produits phytosanitaires, en vue du relèvement de la filière. Mais ça c’était avant la résurgence de l’épizootie à l’Ouest. La prochaine note devrait être particulièrement salée. Sur le terrain, l’incertitude est de nouveau à son comble avec la nouvelle mesure gouvernementale. «Nous avons déploré le manque de visibilité au niveau de la gestion de la grippe aviaire avec le Minepia. Comment l’éleveur peut continuer à garder son poulet, ses poules pondeuses sans savoir quand est-ce que les mesures d’interdiction de la commercialisation pourront être levées ? Sur le plan moral ou psychologique, c’est une catastrophe. 

Quand on ajute cela aux pertes enregistrées et au harcèlement des banques, il y a de quoi ne plus tenir debout», a déploré il y a deux semaines le président de l’Ipavic, François Djonou, dans les colonnes de votre journal.