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© Mutations : Junior Ayissi     jeudi 23 juillet 2020 00:00     2115

Le chef du village Ndikbassogog 1 revient sur les avancées des négociations avec le gouvernement qui a engagé les procédures de classement de leurs terres.

Les chefs traditionnels et élites Banen ont organisé une 3e conférence de presse le 21 juillet à Yaoundé, après celles de Douala, pour dénoncer une action du gouvernement visant le classement de vos terres. Pourquoi multiplier de telles initiatives ?
Effectivement, nous sommes à notre troisième conférence de presse, et pour nous, ce n'est pas un plaisir d’en faire à chaque fois. En ma qualité de chef traditionnel, j’ai une communauté derrière moi. Et nous menons plusieurs activités au-delà des conférences de presse, il y a d’autres activités, il y a des rencontres, on va vers des autorités, on a une démarche républicaine. Et en retour, la communauté nous demande, que dit le gouvernement ? Et tant que nous n’avons pas de réponse, nous sommes obligés chaque fois de venir. Les deux premières conférences de presse ont eu lieu à Douala. Nous nous sommes dits que peut-être, nous ne sommes pas entendus parce qu’il faut que les choses soient claires. Là où l’Etat voit les forêts, ce sont des villages des Banen, ce sont des villages habités. Des communautés sont en train de s'organiser pour y retourner dans leurs villages.

A quel niveau se trouve la procédure ?
Pour le moment, on a comme l'impression que la procédure suit son cours alors que les Banen disent qu’ils ne veulent pas du classement de leurs terres. Donc le gouvernement du Cameroun qui oeuvre pour le bien-être de ses populations doit penser à celles-ci. Quel camerounais a le droit de faire d’un autre camerounais un apatride ? Si cette procédure va jusqu’au bout, ça veut dire que les Banen, ou une partie tout au moins deviendra apatride. Le mot n’est pas suffisamment fort, mais c’est la réalité. Nous ne voulons être des apatrides dans notre propre pays. Ne voyez pas seulement des arbres, ce sont nos villages.

Des multiples démarches engagées, que vous répond le gouvernement ?
C’est oui ! On vous félicite ! Vous êtes dans la démarche républicaine et la procédure suit son cours. Nous, quand nous posons une question, il faut que de manière formelle, qu’on nous dise que cette procédure est arrêtée et tant que nous n’avons pas cette réponse d'arrêt de la procédure, nous allons continuer à nous plaindre. Nous sommes allés vers l’autorité, nous n’avons pas encore eu de réponse formelle qui soit rassurante du genre : bon peuple Banen, ça va, on vous a écouté, on arrête.

Mais les Banen ne parlent pas d’une même voix ?
En parlant de faction, pour nous ce sont nos frères. L’Etat du Cameroun a les moyens de vérifier. Notre pays a les moyens de vérifier d'où penche la balance. C'est tellement simple. Vous pensez que le gouvernement camerounais n'a pas les moyens de savoir que pense le peuple Banen ? Moi, je crois que si. Oui, dans toute lutte, il y a des tendances. Cette autre tendance dont je ne veux pas en parler mène son activité mais nous, nous disons non au classement de nos terres et nous avons le support de 99% de notre population. Ça peut se vérifier. Je vous l’assure.